
Les constructeurs le savent bien : le son d'un véhicule est une part essentielle du plaisir de conduire. Si les véhicules électriques offrent un couple impressionnant et des accélérations fulgurantes, le plaisir auditif, lui, est souvent absent. Le "glougloutement" caractéristique d'un V8 à bas régime, par exemple, est une sensation irremplaçable pour beaucoup d'entre nous.
C'est là que la synthèse sonore entre en jeu, et certains constructeurs font des progrès remarquables. Prenez la nouvelle BMW M5 : contrairement au XM qui partage le même moteur, la M5 réussit à synthétiser le son du V8 de manière incroyablement réaliste. En conduite quotidienne, à faible charge, il est quasiment impossible de distinguer si le véhicule roule en mode électrique ou thermique, tant le rendu est fidèle. Cette fonctionnalité est un véritable atout, car la transition abrupte d'un silence électrique à un V8 vrombissant peut être perturbante, un problème que la plupart des autres constructeurs n'ont pas encore résolu.
Cette capacité à reproduire des sons réalistes via les haut-parleurs du véhicule est une stratégie clé pour les constructeurs afin de faire accepter l'hybridation, même sur des modèles emblématiques équipés de V8. Mais quid des véhicules 100% électriques ? C'est un véritable challenge sur lequel se penchent de nombreux constructeurs haut de gamme, et pas seulement. Si l'expérience sonore peut être recréée à l'intérieur de l'habitacle, comme le fait très bien la Hyundai Ioniq 5 N avec ses "pops and bangs" et ses changements de rapport simulés, la sonorité extérieure reste le défi majeur.
C'est précisément sur ce point que des marques comme Porsche et Ferrari concentrent leurs efforts. Leur objectif est de proposer des véhicules électriques qui conservent les caractéristiques sensorielles d'un moteur thermique, afin de ne pas "perdre" une clientèle précieuse qui pourrait percevoir l'électrique comme un compromis inacceptable.
Porsche, par exemple, s'apprête à franchir une étape audacieuse avec la révélation de la quatrième génération de son modèle le plus populaire, le Cayenne, en version entièrement électrique. Le nouveau modèle de production sera dévoilé plus tard cette année et commercialisé courant 2026.
Conscient des réticences du marché pour les véhicules entièrement électriques, Porsche continuera de vendre et de développer son Cayenne à moteur thermique au moins jusqu'en 2035, voire au-delà. Un prototype camouflé du nouveau Cayenne électrique a été aperçu récemment au Goodwood Festival of Speed, piloté par Gabriela Jilkova, pilote de développement Porsche, qui a déjà démontré ses performances en battant des records de temps pour un SUV.
Bien que les détails techniques complets n'aient pas encore été révélés, le nouveau Cayenne électrique sera plus grand que la version essence, avec un empattement plus long et un "frunk" (coffre avant) généreux. Toutes les versions, probablement proposées en trois niveaux (Cayenne, Cayenne S et Cayenne Turbo), disposeront de deux moteurs et d'une transmission intégrale, utilisant les moteurs développés par Porsche. La puissance devrait avoisiner les 395 ch pour le modèle d'entrée de gamme, 590 ch pour le S et plus de 986 ch (1000 PS) pour la version Turbo, ce qui en ferait l'un des SUV les plus puissants du marché. L'autonomie visée est d'environ 370 miles (environ 595 km).
En termes de performances, le Cayenne Turbo électrique devrait être au moins aussi rapide que les modèles thermiques haut de gamme, avec un 0 à 100 km/h en moins de trois secondes et un 0 à 200 km/h en environ 10 secondes. La vitesse maximale sera limitée à 250 km/h, comme pour tous les SUV Porsche. Tous les modèles utiliseront des amortisseurs actifs et les versions haut de gamme devraient bénéficier de la direction aux roues arrière pour améliorer l'agilité à basse vitesse et la stabilité à haute vitesse.
Porsche travaille également sur l'intérieur de ces nouveaux véhicules électriques. Tout comme la Taycan et d'autres véhicules électriques de luxe, le conducteur du Cayenne pourra activer un son de moteur synthétisé, incluant une reproduction fidèle des enregistrements d'un véritable moteur V8 Porsche. C'est une approche similaire à celle de BMW et Hyundai, visant à combler le vide auditif inhérent aux véhicules électriques.
Sascha Niesen, responsable de la vérification et de la validation pour le Cayenne électrique, a souligné que la disposition de base est similaire à celle du Macan EV, mais que le système de répartition du couple a été amélioré pour gérer la puissance, la taille et le poids supplémentaires. L'accent est mis sur un comportement routier naturellement sain avant même l'intervention de l'électronique.
Lors d'un essai à Goodwood, la version prototype du Cayenne électrique a démontré des performances époustouflantes. Malgré son imposante taille et son poids, l'accélération est décrite comme une "explosion", avec une absence quasi totale de patinage grâce à l'électronique sophistiquée. Le véhicule est resté incroyablement stable dans les virages, se comportant davantage comme une voiture de sport malgré sa hauteur. L'expérience est sublimée par le "ronronnement synthétisé du V8" qui, même s'il est artificiel, semble "tout à fait approprié" dans ce contexte de performance extrême.
En fin de compte, le défi pour les constructeurs est de taille : comment conserver l'essence du plaisir automobile dans un monde de plus en plus électrifié ? La synthèse sonore est une solution prometteuse, mais le développement de sensations acoustiques extérieures crédibles pour les véhicules électriques reste la prochaine grande étape. Chez WOT, nous sommes impatients de voir comment ces innovations façonneront l'avenir de la reprogrammation moteur et de l'agrément de conduite.