Audi Duo

L’hybridation de 1989

On pourrait croire que l’hybridation est une technologie moderne, apparue avec la Prius ou les SUV rechargeables d’aujourd’hui. Mais l’histoire de l’automobile, quand on prend le temps de la regarder de près, nous rappelle que les vraies innovations sont souvent bien plus anciennes que leur adoption massive. Et surtout, qu’elles sont nées dans un autre état d’esprit.

Audi, pionnier discret

C’est le cas de l’Audi Duo, un véhicule hybride plug-in… conçu dès 1989. À une époque où les préoccupations écologiques n’étaient pas encore au cœur des normes ni du marketing, Audi a présenté un prototype qui associait un cinq-cylindres 2.3L essence de 134 ch (sur les roues avant), à un moteur électrique Siemens de 12 ch monté à l’arrière et alimenté par des batteries nickel-cadmium. Le tout basé sur un simple châssis de 100 Avant C3.

Une solution technique sérieuse

Pas d’hybridation douce, pas de récupération assistée. Non, à l’époque, le conducteur devait passer la boîte en point mort, appuyer sur un bouton « E » pour activer le mode électrique, et pouvait alors rouler jusqu’à 24 miles (environ 38 km) sans consommer une goutte de carburant. Le moteur électrique pouvait propulser seul l’auto jusqu’à 50 km/h, ou fonctionner en tandem avec le thermique en conditions glissantes. Il y avait même un toit solaire à l’étude pour recharger la batterie. On est loin du gadget.

Ce premier prototype n’a pas connu de suite commerciale. Mais Audi a continué. En 1991, un deuxième Duo à transmission intégrale voit le jour. En 1997, le constructeur d’Ingolstadt lance même une petite série limitée : l’Audi A4 Avant Duo, équipée cette fois d’un 1.9 TDI de 90 ch et d’un moteur électrique de 29 ch alimenté par une batterie au plomb-gel. Rechargeable sur secteur, avec récupération d’énergie au freinage, cette A4 pouvait atteindre 80 km/h en mode électrique, 170 km/h en thermique. C’était audacieux, fonctionnel, crédible.

Trop en avance sur son époque

Et pourtant… un échec commercial. Trop chère (environ 30.000 € à l’époque), trop en avance sur son temps. Moins de 100 exemplaires vendus. Mais qu’importe : Audi avait osé.

Aujourd’hui, cette folie n’existe plus – ou presque. Les constructeurs rationalisent, amortissent, standardisent. On ne voit plus de projets comme la Golf V10, l’Audi R8 TDI, ou cette Audi Duo hybride diesel/électrique. L’innovation existe toujours, mais elle est encadrée, orientée, conforme à un cahier des charges. On ne tente plus "juste pour voir", encore moins pour rêver.

Ce qu’on retient chez WOT

Chez WOT, on ne peut que regretter cette époque où les marques prenaient le risque de surprendre, même sans rentabilité immédiate. L’Audi Duo n’a rien changé à court terme. Mais elle témoigne d’un état d’esprit qui, aujourd’hui, semble avoir déserté les planches à dessin. Et pourtant, ce sont souvent ces tentatives isolées qui façonnent les vraies révolutions.